Coro Vivo Ottawa concert de Noël – les notes de Tony

Imaginez une colline desséchée et difficile d’accès à l’extérieur de Bethléem, il y a plus de deux mille ans. Imaginez une nuit sans lune et sans lumières de l’industrie, une obscurité aussi sombre que le péché. Maintenant, levez les yeux.

Le ciel au-dessus de la Judée à l’époque où Hérode Ier était roi satellite de Rome aurait été magnifique, selon les normes modernes. Il n’était pas constellé simplement de points lumineux formant des motifs vaguement reconnaissables, mais de milliards d’étoiles; il s’agissait littéralement d’une galaxie : notre Voie lactée. On pourrait dire que ces étoiles brillaient pour dissiper l’obscurité; en plein jour, elles étaient invisibles, apparemment inexistantes.

Dans la tradition chrétienne, le Messie est celui qui vient dissiper l’obscurité morale enveloppant l’humanité. Dans l’Évangile de Jean, Jésus est décrit comme « la Lumière qui brille dans les ténèbres ». Il n’est donc pas surprenant que les lumières dans le ciel nocturne jouent un rôle important dans l’histoire de la nativité (l’étoile qui a guidé les rois mages jusqu’à la crèche, le rayonnement qui entourait les anges messagers) et qu’elles occupent depuis une place importante dans la célébration de Noël.

De nombreuses religions et cultures tiennent des fêtes de la lumière lorsque les nuits deviennent plus sombres et plus froides. La menorah de Hanoukka, les lampes diya de Diwali et même la bûche de Noël des traditions européennes préchrétiennes évoquent des sentiments similaires à ceux qu’on associe à la présence d’un sapin de Noël illuminé.

Dans un monde encore restreint par une pandémie, les voix qui s’élèvent ce soir sont comme des étoiles, de petites pointes d’espoir qui viennent atténuer les sentiments de lassitude et de consternation vraisemblablement présents. Ce soir, nous chantons les étoiles et Noël pour défier l’adversité.

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Le compositeur de notre première pièce semblait bien inspiré par les corps célestes. En effet, Gustav Holst est surtout connu pour sa suite orchestrale intitulée The Planets, mais, ce soir, nous chantons sa fantaisie Christmas Day, arrangement entraînant composé en 1910 qui comprend trois chants traditionnels : Good Christian Men Rejoice, God Rest Ye Merry Gentlemen et le moins connu Come Ye Lofty, Come Ye Lowly. Tendez l’oreille pour repérer les accents de The First Nowell, habilement intégrés dans la structure de l’œuvre.

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L’observation des étoiles peut ressembler à un sacrement, même pour les personnes non religieuses. Le ciel nocturne inspire à la fois l’admiration et la tranquillité. La pièce suivante, Night on a Starry Hill, du compositeur d’Ottawa Matthew Emery, est une récente mise en musique du poème intitulé Finis, écrit au début du XXe siècle par la poétesse canadienne Marjorie Pickthall. Le flux et le reflux retentissants de la pièce encadrent trois couplets qui résument une vie de contentement menant à « une nuit sur une colline étoilée et à la fin de la route ».

Après Night on a Starry Hill, vous entendrez l’arrangement qu’a fait David Wilcocks d’un chant de Noël composé au début des années 1920, soit à peu près à l’époque où Pickthall a écrit Finis. La mélodie sautillante de Ding Dong! Merrily on High dérive d’un air de danse de la Renaissance, mais les paroles, du compositeur George Ratcliffe Woodward, expriment le bruit joyeux qui retentit dans les cieux et sur terre à la naissance de Jésus.

Dans la pièce suivante, la nuit n’est pas aussi bruyante, bien qu’elle demeure remplie de musique. Le compositeur canadien Larry Nickel a trouvé son inspiration dans une strophe du poème de Henry Wadsworth Longfellow intitulé The Day is Done : « And the night shall be filled with music, and the cares that infest the day shall fold their tents [] and silently steal away » (Et la nuit sera remplie de musique, et les soucis qui envahissent le jour s’enfuiront et s’évanouiront silencieusement.). La nuit étoilée apaise l’âme, tout comme les longues lignes chorales de Nickel qui se chevauchent.

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Nous reprenons le concert avec l’arrangement de John Rutter de l’hymne intitulé Lord of the Dance, écrit en 1963 par le musicien folk anglais Sydney Carter. La pièce raconte l’histoire de Jésus, à la première personne, comme étant une longue danse se terminant sur une note triomphale. Comme on pouvait s’y attendre, la musique provient d’une secte religieuse pour laquelle la danse était une forme de culte, la United Society of Believers, communément appelée les Shakers. La chanson originale des Shakers, Simple Gifts, a été écrite en 1848.

La pièce suivante, écrite par Kim Baryluk, membre fondatrice du groupe folk de Winnipeg baptisé les Wyrd Sisters, a pour thème la fête païenne de la lumière célébrée au cours de la saison sombre. Solstice Carole invite l’auditoire à se réunir autour d’un feu pendant la plus longue nuit de l’année et à « danser sous les étoiles ». Les harmonies de cet arrangement chanté a cappella uniquement par les femmes toucheront profondément votre âme.

Ce sont aussi les femmes qui cloront la première partie de notre concert. The Dawn is Not Distant combine les mots d’un autre poème de Longfellow, intitulé The Musician’s Tale, avec un passage de la Genèse en latin. La compositrice Christine Donkin, originaire de l’Alberta, voit dans la lumière des étoiles l’espoir d’un jour nouveau.

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Nous commençons la deuxième partie du concert avec une mise en musique d’O Magnum Mysterium, répons des matines traditionnelles de Noël, dans lequel on s’émerveille de la présence de modestes animaux de ferme à la naissance de Jésus. C’est à César Alejandro Carillo, l’un des plus grands compositeurs et arrangeurs du Venezuela, que nous devons ce riche arrangement.

La pièce suivante inscrite au programme s’intitule We Are Stars. Voici le commentaire du compositeur et professeur de musique de Winnipeg Kenley Kristofferson sur son œuvre : « Du calcium dans nos os au cobalt dans les montagnes, tout est lié par une origine solaire commune. » Cette œuvre est une leçon de science d’une beauté envoûtante, qui nous rappelle que nous sommes, littéralement, de la poussière d’étoile.

Si nous ne faisons qu’un avec l’univers, le rôle que nous y jouons n’est toutefois qu’éphémère. Tel est le message de la pièce suivante, Nothing Gold, dont le texte est tiré du poème de Robert Frost, Nothing Gold Can Stay. La pièce est l’œuvre de l’éducateur en musique ontarien Benjamin Bolden.

Selon la science, les étoiles bleues sont les plus grosses et les plus brillantes de la galaxie et produisent jusqu’à un million de fois l’énergie de notre soleil. Il est donc approprié que, dans son chant mélodique moderne intitulé L’étoile bleue, le compositeur et chef de chœur montréalais Claudel Callender décrive une étoile bleue nous conduisant à la crèche.

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Nous poursuivons notre prestation avec un arrangement du chant de Noël autrichien Still, Still, Still, produit par le regretté chef de chœur anglais Philip Ledger. Il s’agit essentiellement d’une berceuse décrivant l’enfant Jésus bien au chaud dans les bras de sa mère durant la nuit froide et sombre de sa naissance.

Coro Vivo Ottawa est particulièrement fier de présenter un nouvel arrangement de While Shepherds Watch Their Flocks, seul hymne de Noël approuvé par l’Église d’Angleterre avant la fin du XVIIIe siècle. Cette version a été composée par l’ottavien Paul Sales, ancien directeur musical de la First United Church d’Ottawa et membre de longue date de la section des ténors de Coro Vivo. (Remercier Paul).

Viendra ensuite une mise en musique du XXIe siècle du texte bien connu In the Bleak Mid-Winter, de la poétesse victorienne Christina Rosetti. L’arrangement apaisant et tranquille du compositeur et arrangeur britannique Bob Chilcott sert parfaitement le récit de Rosetti sur l’humble naissance du Christ.

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Nous conclurons le concert de ce soir par le joyeux hymne de Noël de John Rutter, intitulé Star Carol, dont le refrain est : « See his star shining bright in the sky this Christmas night » (Voyez son étoile qui brille dans le ciel en cette nuit de Noël). Lorsque vous quitterez l’église ce soir pour vous aventurer dans le froid et l’obscurité, nous vous suggérons de prendre le temps de tourner votre regard vers le ciel, avec émerveillement.

Merci